Mes trois plus grandes sources d'ennui dans ma vie hors-Qc... Vincent, Sébastien et Isabelle

mercredi 2 avril 2008

Stéphane est victime d’un hold-up !

La journée commence mal ; avant d’aller faire mes courses, j’ai téléphoné à la dame qui devait m’envoyer des clients ce soir, pour me faire dire qu’ils avaient changé d’idée à cause que je ne servais pas de repas autre que les déjeuners et qu’ils seraient trop fatigués pour sortir manger. Malheureusement, elle n’avait pas bien lu ma brochure, où je mentionne que des arrangements peuvent être pris pour les dîner et souper mais là, il était trop tard. Elle avait déjà réservé dans un autre hôtel… oui oui m’a-t-elle dit, elle allait justement pour me téléphoner… le matin même où les invités étaient attendus !!!

Tout de suite après, j’ai donc entrepris mon calvaire hebdomadaire, en faisant la tournée des magasins pour entre autre, trouver ce dont j’avais besoin pour une idée qui m’est venue vendredi dernier. En effet, lorsque j’ai eu la visite de Caricom, j’ai expérimenté une autre surprise culturelle : lorsque j’ai offert aux 2 dames la pause-café de l’après-midi (il était environ 15h00), avec jus et muffins et biscuits faits maison, elles m’ont répondu qu’elles n’en avaient pas le temps et devaient retourner au bureau rapidement mais… qu’elles le prendraient pour apporter !!!

Je ne m’attendais tellement pas à ça que je suis restée bouche bée avant de bégayer… « Ah bon… d’Accord, un instant, je vais vous les emballer ». Il ne me serait jamais venu à l’idée de faire une telle chose dans mon pays… où ce serait totalement inconvenable mais bon, j’en ai pris ma pilule. C’est en racontant l’anecdote à Stéphane que j’ai pensé « S’ils en veulent au bureau de mes muffins et biscuits santé, je vais leur en apporter ! » J’ai donc décidé de préparer des paniers promotionnels, remplis de portions individuellement emballées, attachées avec un ruban passant dans une carte d’affaire trouée. Je devais donc trouver des paniers les moins chers possibles (puisque je ne les reverrais pas), du ruban et du papier cellophane transparent pour emballer les paniers. Facile au Québec… moins évident ici à Georgetown…

En arrêtant pour luncher au Café Oasis, j’ai rencontré une femme que je connais (connaissance d’une connaissance…) qui mangeait seule et à qui je me suis jointe pour une bouchée rapide. En jasant de choses et d’autre, et parce qu’elle doit se promener pas mal dans le pays pour son travail, elle m’a demandée si je m’inquiétais du taux élevé de crimes, qui semble s’être accru dernièrement. Je lui ai répondu que je refusais de me laisser miner le moral par mes peurs et que j’essayais de toujours rester positive en focusant sur le meilleur, non sur le pire.

Eh bien disons que ma foi dans « Le Secret » fût mise à rude épreuve en fin de journée, quand Stéphane est rentré à la maison. Accompagné de son assistant principal, il m’a annoncé qu’on l’a agressé en début d’après-midi, pour lui voler son sac qui contenait un retrait de la banque du matin de 200,000 GY$ (1,000$ CA).

Il était environ 13h00 et se trouvait en plein magasin entrain de faire des achats, penché au-dessus du comptoir entrain de parler au commis, son porte-documents (où se trouvait l’argent) bien calé sous le bras, lorsqu’il a senti quelqu’un s’en emparer d’un coup sec par derrière.

Il s’est retourné rapidement et comme il se mettait en mouvement pour sauter sur son agresseur, ce dernier lui a pointé un revolver en plein visage l’air de dire « Ne t’avise surtout pas de me faire des misères… » Il s’est alors mis à courir, avec malgré tout Stéphane sur les talons, mais en tournant le coin de rue, une motocyclette l’attendait et il est disparu dans la brume.

De toute évidence, le voleur le pistait depuis sa sortie de la banque le matin et il s’est totalement foutu de la dizaine de clients présents en magasin. Ce qui enrageait le plus Stéphane dans toute cette histoire, c’est qu’il a passé plusieurs années – dans sa vingtaine – à entraîner des équipes de sécurité, ayant également pratiqué plusieurs arts martiaux, mais le tout s’est passé tellement vite qu’il a littéralement « figé ». Ça fait évidemment très longtemps qu’il ne s’est plus entraîné à ça d’une part et c’est également la première fois de sa vie qu’il se retrouve avec une arme à feu à 12 pouces du nez ! Pourtant, il les connaît les mouvements qui auraient pu désarmer son assaillant instantanément… il s’en voulait à mort de ne pas avoir réagi plus vite mais quant à moi, je me dis que c’était probablement mieux comme ça. C’est une décision d’une fraction de seconde pour qu’un coup parte lorsque quelqu’un se sent en danger…

Seule note positive, il a miraculeusement récupéré son porte-document – sans l’argent bien sûr – car celui-ci était identifié au GGMC (Guyana Gold Mining Commission) et les voleurs, en circulant devant la bâtisse, l’ont lancé à bout de bras et il a atterri dans la boîte de pick-up d’un véhicule stationné devant. Le propriétaire l’a donc rapporté au poste de sécurité et grâce à son cahier de notes identifié « En cas de perte contactez…. » on l’a rappelé une heure plus tard pour qu’il vienne le chercher. Remercions le ciel qu’il ait ainsi pu récupérer tous ses documents importants, dont la perte lui aurait causé de sérieux maux de tête… Évidemment, il a passé le reste de la journée au poste de police.

De plus, avec deux rapports de police pour vol en moins de 3 semaines, nul doute que ça aidera amplement sa cause pour justifier auprès du Commissaire de Police d’obtenir une licence de port d’arme. Il repart demain pour le camp mais à son retour, je ne le lâcherai pas d’une semelle tant que ça ne sera pas réglé. Peut-être que si les bandits qui l’ont suivi avaient su qu’il était armé, ils l’auraient laissé tranquille. En tout cas, Stéphane aurait pu dégainer (c’est ce qu’il m’a expliqué) lorsque le voleur s’enfuyait en courant et il aurait pu lui tirer dans les jambes. De toute façon, ça me rassurerait de savoir qu’il a de quoi se défendre, puisqu’il a déjà beaucoup d’expérience avec les armes à feu, car il se trouve qu’il pourrait décrire exactement ce que le gars avait dans les mains, bien plus que le voleur lui-même.

Ma première réaction fût bien sûr de dire « Mais qu’est-ce qu’on attend pour criss… notre camp d’ici !?! » Disons qu’au souper, nous en avons longuement discuté mais comme moi, Stéphane est quelqu’un de loyal, déterminé, persistant et même si l’aventure d’exploitation d’or se révèle beaucoup plus difficile qu’il ne l’avait imaginé, il refuse de laisser tomber, surtout pas l’entreprise qui lui a fait confiance. Ça ne m’empêche pas d’avoir des frissons dans le dos quand je pense à comment ça aurait pu mal tourner…

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