Mes trois plus grandes sources d'ennui dans ma vie hors-Qc... Vincent, Sébastien et Isabelle

dimanche 18 mai 2008

Comment voler de l’essence en Guyana

Semaine longue et plate, vu le départ de Stéphane depuis mercredi matin. Il ne se passe plus une journée sans que je pense que j’ai envie de retourner chez nous… je m’ennuie de ma maison de Laval, petite soit mais qui commençait à être aménagée à mon goût… intérieur comme extérieur…à 2 maisons de ma meilleure amie, et au plus 30 minutes de route de mes enfants (en fait, 2 à seulement 10 minutes) et mes parents.

Stéphane continue à travailler sur sa nouvelle stratégie, à défaut de ne pas avoir pu obtenir l’équipement minier dont il aurait eu besoin, car ici plein de mineurs possèdent justement cet équipement mais pour diverses raisons, ne veulent pas se soucier de l’achat des claims. Alors il leur donne des « positions », sorte de location de terrain, contre rémunération au pourcentage de l’or extrait.

Je suis un peu sceptique quant au résultat et tant mieux si je me trompe, mais j’ai tellement entendu d’histoire d’horreur sur la malhonnêteté des guyanais, alors que Stéphane m’expliquait comment ils s’y prenaient pour voler de l’essence : si par exemple un chauffeur doit livrer 10 barils d’essence sur le campement (ça en prends beaucoup pour les équipements, la génératrice, etc.) il s’arrête là où un complice l’attend, siphonne ¼ de carburant de chacun des barils, pour remplir ceux de son complice et remplace le carburant volé par de l’eau.

Comme ce dernier liquide est plus lourd que l’essence, il se ramasse au fond du baril et c’est impossible de détecter l’arnaque juste en ouvrant le contenant et examinant le dessus du liquide. Ça prend un truc spécial qui reconnaît l’eau logée tout au fond… ! Comment réussir à faire des affaires rentables dans de pareilles conditions ?!?

Heureusement cette semaine j’ai eu des invités à déjeuner à 3 reprises : deux personnes-clé du monde des affaires de Georgetown (un tour opérateur siégeant aussi sur le Conseil du Guyana Tourism Authority et la Directrice de la chambre de commerce de Georgetown) et l’officier de liaison communautaire de l’Ambassade Américaine.

Les deux premiers contacts sont d’autant plus prometteurs qu’ils ont démontré beaucoup d’intérêt pour mon logiciel de gestion de contacts (ACT !), ainsi que pour une formation spécialisée en Service à la Clientèle, qu’ils sont tous les deux déterminés à m’aider à promouvoir auprès des propriétaires d’entreprises guyanaises. J’en ai encore pour peut-être deux semaines avant d’avoir pris le dessus sur la comptabilité de la compagnie minière, mais tout de suite après, je m’investis sur les invitations et je commence à monter un programme de formation.. Peut-être qu’après avoir tant semé, je vais commencer à récolter…

D’ailleurs ici un contact apporte souvent plus d’une opportunité, comme cet opérateur de tours qui développe aussi le marché à Toronto. Propriétaire de deux bateaux, il pourrait être très utile à Stéphane, pour se rendre plus facilement sur certains terrains éloignés.

Je suis maintenant très disciplinée dans mon entraînement physique dans le sens où chaque deux jours, généralement entre 17h00 et 18h00, je me rends au Pégasus pour faire des longueurs de piscine et j’augmente presque chaque fois la cadence. Vendredi dernier j’en ai fait 70, pour un bon 45 minutes de nage sans arrêt. Qand je suis seule, je préfère revenir tout de suite chez nous après, je n’ai pas envie de rester seule à manger ou prendre un verre au bar… l’éloignement me pèse encore plus lourd…

Malgré que je sois capable de m’occuper durant les absences de Stéphane, je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir le coup… J’ai pleuré à quelques reprises ce matin, tellement la solitude me pèse et ma famille me manque. Hier par exemple, j’ai profité du fait que l’épaisse couverture nuageuse me permettait de travailler à l’extérieur et j’ai planté les repousses que j’avais ramenées la semaine dernière.

Le soir, même lorsque je reviens de la piscine, je mange une petite bouchée, la plupart du temps en jouant une partie de Scrabble sur Internet, mon divertissement préféré. Lorsque je suis trop fatiguée pour continuer à travailler sur l’ordi, je me mets au lit avec un film de notre collection. La télé m’intéresse encore moins ici (déjà que je l’écoutais très peu au Québec), car même avec le satellite (signal qui vient du Brésil), la majorité des programmes sont soit en espagnol ou à tout le moins sous-titré en espagnol. De ce temps-là, je me dis que ce serait peut-être le temps d’en profiter pour apprendre cette langue, mais pratico-pratique comme je suis, je me dis à quoi bon si je n’ai personne avec qui converser pour le moment ?

Aujourd’hui par contre j’ai fait plus ample connaissance avec une nouvelle voisine arrivée dans le quartier depuis 2 mois seulement. Je l’ai rencontrée pour la première fois au party de samedi dernier, où elle m’a été présentée par une connaissance commune, qui savait que j’habitais le même coin qu’elle. En fait, le côté de la maison qu’elle loue fait face à la mienne.

Très intéressante, c’est une dentiste réputée de Georgetown originaire du Zimbabwe, avec une histoire un peu triste. Je l’avais croisée à nouveau hier matin en promenant Brutus et quand je l’ai vu rentrer à la maison ce matin avec le camion rempli de pots à fleurs, j’ai décidé d’aller lui porter ma carte d’affaires, histoire de faire plus ample connaissance, sachant qu’elle habitait tout seule.

Maintenant âgée de 45 ans, elle a rencontré son mari guyanais en faisant ses études et suite à leur divorce, il a réussi à obtenir la garde légale de ses 3 jeunes enfants, pour ensuite les faire émigrer avec lui en Angleterre. Alors que la plus jeune n’avait que 16 ans, il les a carrément mis dehors, mais leur vie et leurs amis étant en Angleterre, ils ne sont pas intéressés à venir vivre ici et malheureusement, elle ne supporte pas le froid. A partir de ce moment-là, elle s’est mise à voir à leurs besoins et payer leur appartement là-bas et les fait venir régulièrement en Guyana durant les vacances. Toute sa famille à elle est en Afrique et elle n’a que quelques amis ici, se plaignant évidemment du manque d’hommes de « qualité » dans ce pays sous-développé…

J’avais emmené Brutus avec moi mais sa petite chienne (genre de bichon matais) n’est pas très sociable et se sentait aussi probablement très menacée, alors elle lui montrait constamment les dents et ne se laissait pas approcher. Par contre, comme Theodora (j’ai beaucoup de peine à prononcer son nom de famille africain) a montré beaucoup d’intérêt pour Brutus, me posant beaucoup de questions sur sa provenance et mentionnant que d’un point de vue sécurité, elle commençait à penser se doter d’un gros chien elle aussi…

A ce moment-là je me suis dit que la Vie l’avait peut-être mise sur mon chemin pour qu’entre autre, si on devait quitter le pays et laisser Brutus derrière nous, nous ayons déjà un bon foyer pour lui…

Au moment où je termine d’écrire ces lignes, je m’apprête donc à aller nager au Pégasus, où nous avons convenu qu’elle viendra m’y rejoindre pour souper… Quand Stéphane est parti, il m’a dit qu’il reviendrait samedi ou dimanche, mais comme je n’ai toujours pas eu de ses nouvelles, un peu de compagnie ne me fera pas de tort…

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