Mes trois plus grandes sources d'ennui dans ma vie hors-Qc... Vincent, Sébastien et Isabelle

mardi 27 novembre 2007

Après-midi relax au Splashmin’s

En attente d’une pièce d’équipement importante pour le campement, de l’arrivée de son patron demain matin à l’aéroport et après avoir reçu à la maison tôt ce matin un soumissionnaire pour un service d’arpentage, nous sommes partis passer l’après-midi au resort Splashmin’s.

Sur place, après être allée à la salle de bains, je suis allée rejoindre Stéphane au bar, en me plaignant que je n’avais plus envie de revenir ici, tellement la salle de bains était peu invitante : pas plus de siège de toilette que la première fois – j’ai dû mettre du papier tout autour – pas de savon et rien pour s’essuyer les mains !

En plus du barman qui écoutait d’un air résigné, se trouvait un autre homme de l’autre côté du bar, qui lui semblait porter une attention beaucoup plus soutenue, à mes propos. Son visage me semblait familier, pensant tout simplement que je l’avais vu ici lors de notre première visite.

Lorsqu’il a commencé à dire que le problème c’était le « management », je lui ai répondu que je m’adresserais à Mr. John directement – le propriétaire – que j’avais déjà rencontré il y a quelques semaines pour parler d’affaires et que je lui dirais ce que je pense…

« Oh, vous êtes Chantale ? » a-t-il rétorqué… « The lady from the software…. We met in my office remember?” Surprise, j’ai mis quelques secondes avant de réaliser que c’était Mr. John en personne ! Le propriétaire de la place, qui a créé cet endroit voilà un peu plus de 10 ans.

Plutôt honteuse de ne pas l’avoir reconnu, je me suis excusée en expliquant que c’était tellement sombre dans son bureau – sans parler du fait qu’il est très sombre lui-même ! – et qu’en plus il était en vêtements de construction… je lui ai néanmoins réitéré mes plaintes, de façon un peu plus diplomate cette fois.

Comme plusieurs propriétaires de commerces et gens d’affaires avec qui j’ai discuté depuis mon arrivée en Guyana, il s’est mis à se plaindre de la non-fiabilité des employés, du fait qu’il ne pouvait faire confiance à personne et qu’il devait s’occuper personnellement de certains travaux, comme par exemple aujourd’hui, la rénovation du snack-bar de la plage.

Évidemment, on entend là la version du propriétaire mais il se trouve qu’un peu plus tard, nous avons entendu la version d’un employé, que nous avions ramené à Georgetown – dans la boîte du pick-up – lors de notre dernière visite. Un jeune homme d’environ 25 ans, qui a déjà fait l’armée et qui aimerait travailler dans la mine de Stéphane. Il travaille ici depuis 7 ans déjà et lorsqu’on entend SA version des faits, on comprend pourquoi les employés se foutent bien de plaire ou non à leur employeur. Pour de la maintenance générale, il gagne 12,000$ GY par semaine, soit l’équivalent de 60$ CA ! PAR SEMAINE ! ça fait bien 12$ CA par jour ça non ?

À ce compte-là, qui aurait envie de se défoncer pour son boss ???

Pendant que Stéphane s’amusait à son passe-temps, avec son détecteur de métal, je me suis occupée à écrire, lire et regarder les poissons sauter hors de l’eau.

J’ai aussi revu le propriétaire, Mr. John, à qui j’ai fait signe de s’approcher, afin que j’essaie de comprendre pourquoi, après avoir envoyé ma soumission depuis près d’un mois à au moins 2 adresses de courriel, personne ne semblait encore en avoir pris connaissance. Ce que j’en ai compris c’est que lui n’est vraiment pas « techno », même s’il disait avoir aimé ce que je lui avais montré.

Je lui ai fait comprendre très clairement que je n’avais pas envie de NOUS faire perdre notre temps et que s’il n’avait vraiment aucun intérêt, qu’il le dise immédiatement. Il m’a répondu qu’en bout de ligne, si la solution lui était recommandée par ses assistantes, il irait de l’avant, dépendamment du prix bien sûr.

Comme bien d’autres guyanais, il a voulu jouer la carte de « nous sommes un pays du tiers-monde », ce qui nous a fait sourire, moi et Stéphane (qui venait juste de sortir de l’eau et se tenait près de nous). Comme on lui a fait remarqué, dans un VRAI pays du Tiers-monde, les gens meurent de faim et ne se promènent certainement pas tous avec un cellulaire à la main, sans parler de la circulation dense du centre-ville… on a parfois l’impression que ce peuple veut faire pitié par exprès et que c’est un peuple très peu fier de son patrimoine.

Après cette discussion, la journée s’est terminée sur un fond de petit roupillon, perturbé par une averse de pluie, lecture d’un gros roman que j’ai entrepris il y a plus d’une semaine et écriture sur mon fidèle lap-top. Quand à Stéphane, sa récolte de « trésors » a été un peu moins bonne que la première fois : seulement trois petites bagues en or mais vraiment de peu de valeur. L’important, c’est qu’il était très heureux de son après-midi qui selon son expression « lui change les idées ». Personnellement, je trouve cela plutôt ennuyeux, mais je ne peux m’empêcher de constater qu’il a l’air heureux comme un gamin qui vient de bâtir un gros château de sable sur la plage et bon, à chacun son dada…

Le retour en ville se fait après environ une heure de route, aussi cahoteuse que la rue St-Denis à Montréal au printemps, remplie de « nids de poule » mais ici, c’est en permanence ! Même que sur une portion du chemin, Stéphane y circule sur la voie opposée, parce « que c’est moins pire de ce bord-ci » ! Comme il me le faisait remarquer, ça demande une très grande concentration de conduire ici dans ces conditions car non seulement aucune lumière n’éclaire la route, mais spécialement à cette heure particulièrement occupée (18h00), celle-ci, à priori déjà très étroite, est bordée de passants qui se promènent à pied ou en bicyclette. Ils occupent souvent une partie du pavé et la couleur sombre de leur peau les rend encore plus difficilement visibles. Sans parler des minibus qui décident sans crier gare, de s’arrêter n’importe où sur le bord de la route, pour embarquer un nouveau passager, et des chiens, des vaches et des chevaux dont les déplacements erratiques nécessitent des nerfs d’aciers. Je crois qu’on pourrait presque en faire un jeu vidéo !

Avant de rentrer à la maison, nous sommes arrêtés manger une bouchée dans un fast-food chinois, rapide, convenable et pas cher. Ensuite, nous avons dû rejoindre le camion « Bedford » de la compagnie qui, de retour du campement, devait être stationné à côté de chez nous. Le conducteur, un jeune employé de la mine qui revenait d’un séjour de deux semaines, ne sachant pas où nous habitons, il nous a suivi.

En nous approchant de la maison, la pluie s’est mise à tomber à gros torrents et c’est un véritable petit lac qui nous attendait à la grille. Nous venions à peine de finir de donner à souper à Brutus lorsque la panne électrique nous a surpris, comme ça arrive souvent. Avant d’aller reconduire le conducteur du camion en ville, Stéphane s’est occupé de partir la génératrice, histoire d’au moins charger nos ordinateurs et prendre nos courriels.

Il est revenu au bout d’une demi-heure et après avoir défait nos affaires, travailler un peu dans le bureau à la chandelle, pour ménager la génératrice, nous avons décidé de nous coucher tôt. Nous avons donc arrêté cette machine qui fait un bruit d’enfer et se trouve justement à 5 pieds des fenêtres de notre chambre, en espérant que le vent serait suffisant pour nous permettre de ne pas trop souffrir de l’absence d’air climatisé.

Stéphane devait également s’accommoder d’une démarche passablement douloureuse, suite à une petite chute cet après-midi, après avoir perdu pied sur la pelouse détrempée. Il s’est rendu compte ce soir qu’un nerf s’était coincé dans le pied et il arrivait à peine à marcher dessus.

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